L’annonce de Deathgaze avait chatouillé l’intérêt de pas mal de fans, mais c’était avant que la venue de The Gazette, révélée par le même organisateur, ne lui face de l’ombre. Heureusement la salle choisie l’est en connaissance de cause et sera remplie comme il le faut. Ni trop vide ni trop pleine, de quoi laisser place aux headbangues et pogos, éléments indissociables de ce genre de musique.
Comme la scène est étroite et haute, il est difficile de bien y voir si l’on ne se trouve pas dans les premiers rangs ou sur les bancs qui habillent les deux côtés de la salle. Les membres de Deathgaze prennent place sans trop tarder et s’élancent dans ce qui sera un marathon musical de deux bonnes heures.
Le groupe ne prend pas de pincettes et commence sur les chapeaux de roues avec Creature et ses paroles qu’Ai semble susurrer d’outre-tombe dans une sorte de râle éraillée. Les refrains plus mélodiques adoucissent un peu le morceau, mais cela n’enlève rien à son efficacité au contraire, et la foule n’a pas attendue pour se délaisser à la pratique classique de headbangues rythmés. Dead Blaze qui s’ensuit laisse place aux réels growls. La crinière blonde d’Ai, lui donne un genre d’ange déchus, image accentuée par la noirceur contrastée de ses compagnons. Le jeu des musiciens qui entourent le chanteurs est clair, net et préci, mai surtout rapide. Le public a droit à son lot de solo de cordes également, notamment avec un solo électrisant sur RING THE DEATH KNELL. Les refrains toujours plus mélodiques n’y changent rien : l’ambiance est montée d’un seul coup dès la première note de ce concert et ne redescendra pas à un seul instant. Les pogos sont légions et si la chaleur semble étouffante en plein mois de juillet dans ce genre d’espace confiné, les mouvements de têtes avec ces longs cheveux qui balayent l’air, créent suffisamment de courant d’air pour n’avoir aucune entrave et apprécier pleinement ce concert explosif.
Si sur la scène le chanteur semble le seul à être visible, les autres membres n’en sont pas pour autant absents du moins musicalement. La forte présence de la basse vous résonne dans les oreilles à en faire battre vos tempes. Kosuke est déchaîné et particulièrement expressif face à la foule. Même si le genre promet toujours une belle ambiance, le public ne s’attendait certainement pas à un telle performance. Takaki semble plus en retrait, principalement replié sur sa guitare mais n’en est pas moins soutenu par les fans surexcités. La batterie bien qu’un peu caché sur la scène, reste un élément essentiel qui participe à cette effervescence dynamique. Si pas mal de morceaux sont assez similaires voir parfois répétitifs, des titres comme NEWBORN~wrongful life~ ou encore CRASH DOWN, sont un réel succès. Longs growls maitrisés et air de guitare cyclique hypnotisant, mais c’est surtout la dextérité de Naoki à la batterie dans ses frappes agiles et d’une rapidité indéniable qui fait mouche. Les fans se mouvent à l’unisson sur les notes de guitare qui se répètent. Impossible de ne pas suivre cet élan contagieux sur des morceaux tels que DOWNER, Paranoid Parade ou encore UNDEAD FACT. Sur ce dernier, Kosuke invite le public à reprendre en chœur quelques vifs « hey ». La tension atteint des sommets.
Les moments de relâche avec des titres plus mélodieux comme SORROW ou les suivants Forsaken et Malice, ne font pas retomber l’ambiance pour autant. Ils permettent simplement à la foule de respirer un peu et de profiter de quelques instants « émotion » pour repartir de plus belle. Les fans pris dans leur élan de folie n’oublient par pourtant de souhaiter son anniversaire au guitariste Takaki, qui touché, n’hésite pas à les remercier en français. On en est à bien plus de la moitié du concert mais la fièvre ne faiblit pas d’un poil. Ai finit d’ailleurs par prendre un bain de foule pendant le morceau Domestic pig#1013 augmentant s’il est encore possible la frénésie de la foule. Takaki qui sort lentement mais sûrement de sa réserve, n’hésite pas à headbanguer à son tour. Sa chemise ouverte laisse voir des perles de sueurs scintiller sur son torse, rappelant la chaleurs qui règne dans la salle mais surtout le fait qu’il se donne lui aussi à fond pour ce concert. Le set se termine dans une agitation incontrôlable avec deux morceaux péchus à souhait, Abyss et surtout Genocide and Mass Murder qui regroupe tout ce qu’il y a de plus agressif et accrocheur chez le groupe. Hurlements monstrueux, double pédales, riffs endiablés. Ai n’hésite pas à haranguer le public pour cette dernière chanson. Les fans sont à fond, se laissant aller plus que jamais, entraînant tous ce qui les touche de près ou de loin dans leur mouvement. Le chanteur envieux de cette atmosphère débridée n’hésite pas à se rapprocher une nouvelle fois de la fosse.
Conquis, fatigués peut-être aussi mais toujours pas rassasiés, les fans réclament le retour des membres tout en reprenant des forces. La rappel démarre alors sur IRIDIZE DREAM qui est un poil plus calme. Mais avec sept titres au programme, il y a de quoi s’éclater encore un peu. Le chanteur chauffe la salle, même si l’ambiance est déjà bouillante. Il reprend parfois ses anciennes fonctions en s’occupant de la seconde guitare. Il faut dire qu’en plus d’être le principal compositeur du groupe, Ai est presque passé par tous les postes au sein du groupe et ne se fait pas prier pour montrer ses divers talents. Le public reste surpris devant un rappel si long, mais ne perd pas le nord pour autant, et continue de remuer plein d’enthousiasme sur des morceaux toujours aussi bourrus et éfficaces et dont CHAOS reste un parfait exemple. Le groupe finit par quitter la scène, aussi satisfait que le public de ce concert.
Malgré un show étonnamment long (il faut dire que ce genre de groupe ne nous a pas habitué à tant), les fans réjouis en redemandent encore. Ils ont beau s’être dépensés jusqu’au dernier souffle, cela n’a fait que nourrir leur soif et ils redoublent d’énergie. Le groupe a offert ici une performance impressionnante et sans bavure. Malgré la froideur naturelle de certains morceaux, la communication entre le groupe et son public a été un pilier essentiel de ce succès. Fait de petits riens qui finalement font tout, le spectable avait tout le nécessaire pour fonctionner. Le groupe a réussi à être en osmose totale avec ses fans et choisir les titres les plus adaptés. Une technique convaincante (autant du côté instrumental que vocal avec ces cris graves tenus sur des durées interminables) et une aisance sur scène naturelle qu’il serait bon de voir plus souvent. Le groupe s’est offert ici un beau cadeau pour son dixième anniversaire. Sans aucun doute, un des concerts de l’année.
Photos : © Aurore Pesare / Play of medley
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Set List :
CREATURE
DEAD BLAZE
ALLURE
RING THE DEATH KNELL
VICE
NEWBORN-wrongful life
Downer
SORROW
Forsaken
MALICE
CRASH DOWN
Paranoid Parade
UNDEAD FACT
死桜
domestic pig#1013
Abyss
Genocide And Mass Murder
Rappel :
IRIDIZE DREAM
THE END
DECADE
Chaos
I’m Broken Baby
リヒトゾイレ
闇に雨腐敗した世界