L’annonce, comme un rêve auquel personne ne pensait plus, a agité la communauté j-musique toute entière. Un groupe de la trempe d’ASIAN KUNG-FU GENERATION en concert à un prix qui plus est, défiant toute concurrence, est un événement inespéré. Mais 2013 est l’année des surprises (on pourrait même dire, des miracles) dans le milieu, et tente bien de rester au top du classement jusqu’au bout. C’est avec peu d’étonnement que l’on apprend que le concert au Bataclan se jouera à guichets fermés. La queue, qui s’étend à l’angle de la rue, paraît incroyablement longue mais reflète parfaitement l’excitation du public. La salle cependant n’est pas surpeuplée, laissant circuler l’air convenablement (ce qui semble une bonne chose d’après les habitués de la salle qui parlent à tout va des problèmes de climatisation et d’expériences étouffantes.)
Le petit bémol inquiétant, c’est la nouvelle de l’état de santé du chanteur qui s’est répandue comme une trainée de poudre. C’est alors avec une petite crainte que le public attend ce concert. Gotô semble avoir attrapé froid, et bien qu’il préserve sa voix en annulant notamment la plupart de ses interviews, rien n’est certain sur le déroulement du concert lui-même. L’événement de l’année sera t-il entaché par une voix qui ne suit pas ? Le chanteur sera t-il trop prévenant pour éviter les mauvais pas ? Mais que le public se rassure, si le concert démarre en douceur, Gotô et sa clique ont prévu de se donner à fond, de profiter autant que de faire profiter leur public et ainsi poser une nouvelle pierre à l’édifice de la scène musicale nippone en France et en Europe.
Le concert commence calmement avec Shinseiki no Love Song, laissant le charme se répendre lentement. Peu importe si le chanteur n’ose pas trop encore poser sa voix et si le son est un peu saturé, ce départ tranquille se fait d’un pas assuré. Les esprits se tournent vers cet instant incroyable, où ce groupe de rock indépendant mais particulièrement populaire au Japon, qui a également bercé la jeunesse de pas mal de monde ici, se tient là modestement sur scène et se met à jouer. Le décor est simple voir minimaliste, avec un logo d’AKFG en toile de fond. Mais le public reste ébahi. C’est avec des étoiles plein les yeux qu’il rentre dans l’ambiance du concert qui continue avec des titres toujours aussi calmes, un peu trop peut-être. C’est un mal pour un bien, la setlist prend la forme d’un échauffement pour Gotô qui se lâche de plus en plus au fil des chansons. Les morceaux s’enchaînent assez froidement mais contradictoirement, la température ne cesse d’augmenter. L’ordre des titres semble parfaitement choisi, le crescendo s’accorde avec l’attente du public qui commence à gigoter sur les morceaux de plus en plus rock. Angou no Waltz réveille tout le monde avec sa mélodie valsante mais c’est surtout son refrain entraînant qui fait mouche. Les morceaux ne sont pas des plus connus pour la plupart des fans s’étant déplacés (qui, il faut l’avouer, ont souvent connu le groupe via les génériques d’anime) mais sont tout aussi efficaces. Et si le public les découvre parfois en direct lors de ce live, il n’en est pas moins séduit. C’est cependant Re: Re: qui va réellement allumer la mèche. La cadence reste encore très irrégulière : certains titres comme N.D.S ou encore la très rythmée Gekkou sont du même acabit, mais ces moments excitants sont recoupés par des titres plus doux qui versent plus dans l’émotion.
Le membres sont professionnels, et s’il y a peu de communication, le boulot bien fait suffit à créer une passerelle entre les fans et la scène. Le batteur et le bassiste sont ultra concentrés, mais le sourire béat et spontané du guitariste compte pour quatre. Kensuke Kita exprime une joie particulièrement bien reçue et rapidement contagieuse. Le concert s’annonce finalement plus agité, alors que la setlist prend une tournure plus rock. Arrive enfin Haruka Kanata, connue pour être l’opening de l’anime populaire Naruto. La foule est alors en délire et reprend tout naturellement les paroles de la chanson. Après Naruto, c’est au tour de Full Metal Alchemist avec la chanson Rewrite, tout aussi appréciée. La foule se laisse emportée par l’enthousiasme de ce morceaux sans retenue. Alors que le groupe semble enfin s’être laissé emporter par l’ambiance et fait connaissance avec ce nouveau public, le concert touche à sa fin. Kimi to iu Hana conclut ce set en beauté. Le groupe sort de scène et c’est sagement mais impatient que le public attend son rappel. C’est chose faite avec Solanin et Anemone no Saku Haru ni, qui sont chaudement accueillies par les fans, toujours aussi émerveillés par ce concert. La tête dans les nuages, ils sortent de la salle dès que les lumières sont rallumées, ne croyant toujours pas au fait qu’ils ont vu enfin de visu, ce groupe mythique qui a marqué plus d’une génération. Mais c’est alors sans que personne ne s’y attende, que les membres réapparaissent sur scène pour jouer un ultime morceau, comme une piste cachée bonus que seuls les plus téméraires auraient pris le temps d’écouter.
Il est possible de trouver des défauts à ce concert, notamment les critiques du son saturé qui reviennent régulièrement, mais le professionnalisme accentué par une modestie et une simplicité exceptionnelle pour un groupe de ce niveau efface toutes les petits détails sur lesquels quiconque pourrait pinailler. Comme un rêve éveille, la performance laisse un sentiment flottant de quelque chose pas totalement parfait mais où il n’y a pourtant rien à redire. Comme le dit le chanteur, on espère les revoir bientôt. En attendant, les fans peuvent toujours se rabattre sur l’achat du best of, Best Hit AKG, sorti le 17 juin en Europe.
Photos : © Angela Azzarone / Play of medley
Soutenez Play of medley en rejoignant ses pages facebook, twitter et Google+ !
Setlist :
Shinseiki no Love Song
Magic Disk
Angou no Waltz
Siren
Re: Re:
N.G.S.
World World World
No Name
Night Diving
Gekkou
Jyuuni Shinhou no Yukei
Korogaru Iwa Kimini Asagafuru
Blue Train
Haruka Kanata
Rashinban
Loop & Loop
Rewrite
Kimi to iu Hana
Rappel 1
Solanin
Anemone no Saku Haru ni
Rappel 2
Soredewa, Mata Ashita