Le 11 juin dernier, se déroulait un événement à ne pas rater, et cela pour moult raisons. Organisé par le Tohoku Livehouse Daisakusen, cet événement aux abords caritatifs, était surtout LE point de rendez-vous pour écouter de la bonne musique punk. Au programme, trois groupes, dont deux japonais, pour faire vibrer le Petit Bain.
e concert se déroule dans une salle atypique, entre péniche à quai et maison sur pilotis. Devant le Petit Bain, Paris s’anime sur les bords de la scène, assis sous les tentes d’un café, profitant de la chaleurs de l’été qui arrive. Une petite file d’attente se forme devant l’entrée de la salle. Le public est composé de fans européens mais aussi japonais. La présence de ces derniers n’est pas surprenante, entre le côté soutien au Tohoku et la présence du groupe BRAHMAN en tête d’affiche, ils n’ont aucune raison de ne pas être présents ce soir. La salle aurait cependant volontiers accueilli quelques curieux ou amateurs supplémentaires.
A l’entrée, les fans se précipitent sur les stands de goodies, pour patienter avant que le concert ne commence. Les groupes proposent certains de leurs produits, mais ce qui intéresse, ce sont les produits du Tohoku Livehouse Daisakusen, et c’est tant mieux, car c’est ce qui aide la constitution des fonds pour réaliser ce beau projet de reconstruction de salle au Japon. Un peu plus loin, à côté du bar, sont affichés des clichés du photographe Tsukasa Miyoshi, montrant BRAHMAN en concert ainsi que différents artistes liés au projet ou encore des vues de la région touchée par le tsunami.
L’heure des festivités arrive enfin. Le premier groupe à entrer en scène est Locofrank. Le trio originaire d’Osaka , très inspiré par la scène punk californienne, provoque d’encourageants applaudissements. Hormis une bande de japonais visiblement fans accourus au premier rang, le public reste encore assez calme. Pourtant, le le combo START/from eighteen en introduction bien choisie, donne le la. Le chanteur et bassiste, Kinoshita Masayuki arbore fièrement un drapeau de soutien en guise de jupe-tablier. Comme une puce excitée, il bouge d’un côté à l’autre de la scène, tandis que son acolyte Mori Isamukai, se tient plus discret sur la droite de la scène. A l’inverse de BRAHMAN, la musique de locofrank a un côté joyeux, et au travers des riffs simples et rapides, on pourrait presque voir Kinoshita sourire pendant qu’il chante. Les relents du post-punk des années 90/200 ressurgissent, et si le public parsemé ne se dévergonde pas encore complètement, il n’hésite pas à bouger la tête en rythme. Au fur et a mesure cependant, sur scène comme dans la fosse, tout le monde se décoince, et Cho Tatsuya n’est pas en reste dernière sa batterie. Kinoshita content de communiquer avec le public, s’adresse à lui dans un petit speech multi-langue, avec quelques mots de français pour exprimer sa satisfaction d’être là et son souhait de revenir vite. Le groupe se donne à fond, et il n’est pas rare de voir des pieds en l’air, des sauts et headbangue, faisant pleuvoir les perles de sueurs accumulées sur les visages. Le concert se termine sur HAPPY, un morceau très positif. Le trio a su montrer aux novices ce qu’il avait dans l’estomac, et certainement convaincu ceux qui ne faisaient pas encore partie de leur fan base.
Après un set de 45 minutes, la scène doit être préparée pour le groupe suivant : les français de Burning Heads, qui ne sont pas méconnus du public. Le premier rang change de visage, et les fans de punk et de ska-punk se déhanchent au son du groupe. Ce-dernier joue quelques anciens morceaux bien connus, mais aussi des plus récents tirés de leur dernier album. Peu bavard, le front man lâche quelques mots sur l’événement et salue en français avec petite notion de japonais la foule présente.
Lorsque arrive le tour de BRAHMAN, la foule ne fait plus qu’un. Ces leaders de la scène punk nippone, qui tournent à guichets fermés au Japon, sont loin d’être méconnus par le public ici présent, et on peut voir la tension monter à vue d’œil. Les fans japonais réinvestissent les premiers rang et joignent leurs mains en position de prière méditatives au son de l’intro qui retentit. Toshi-low, vêtu d’un t-shirt au slogan anti-nucléaire, apparaît, acclamé avec fougue. Le groupe, autant habitué aux grandes salles qu’aux clubs plus intimistes, investit la scène avec aisance. La set-list reprend beaucoup de titres post-tsunami. On ressent grandement l’influence de l’événement sur le groupe. Après plus de 10 ans à titrer ses morceaux en anglais à 99%, l’album Antinomy sorti en 2013, avait marqué un nouveau tournant. Quelques bons vieux morceaux seront joués également pour satisfaire les fans. On passe de chansons rapides et détonantes à quelques titres plus calmes. Le sang punk n’est cependant jamais très loin. Vers le milieu du set, BEYOND THE MONTAIN met le feu à la fosse, tout comme l’explosive Keisei plus tard. Malgré des réponses timides à l’événement, les personnes présentes comptent bien en profiter, et transpirer jusqu’à leur dernière goutte de sueur. Un fan n’hésite pas à se laisser porter vers la scène, comme pris de transe par cette puissante musique. Toshi-low en fera de même quelques titres plus loin, en se rendant au milieu de la foule et retournant sur scène en slammant à son tour.. Les autres membres se donnent également sans compter tout en restant sur scène. Kohki, déséquilibré par ses incontrôlables mouvements, en tombe presque à la renverse, et continue de jouer à genoux, tandis que Makoto headbangue gracieusement avec sa longue chevelure. On voit clairement que la scène est leur élément de prédilection. Peu importe le nombre de fans présents, on ne mine pas sur le show. L’instant émotion apparaît lorsque le groupe joue kanae no toi. Cette chanson est l’une des plus calmes du groupe, mais aussi l’une des plus puissantes, elle vous prend aux tripes. Et pour ceux qui comprennent les paroles, -et ils sont plusieurs ce soir-là- le message est encore plus fort.
Après une courte pause, le groupe revient pour quelques morceaux afin de clore cette intense soirée. Toshi-low réapparait torse-nu sur scène, mais cela ne déconcentre pas les fans qui continuent de bouger dans la fosse. Le chanteur n’oublie pas la raison principale de cet événement et se lance dans un discours sensibilisateur, parlant du problème nucléaire au Japon. Haletant après une telle performance, une partie de son discours s’est un peu perdu, mais le plus important a été transmis. Les fans encore tremblant d’énergie, se dirigent vers le stand goodies pour soutenir le projet, les groupes ou tout simplement saluer leur idoles.
Malgré des efforts de communication importants, l’événement n’a pas eu l’air d’ameuter foule, mais ceux qui étaient présents pourront en témoigner. L’organisation était parfaite, et les groupes ont remplit plus que leur contrat en offrant des performances dignes de ce nom.
Setlist Locofrank :
1 START
2 From eighteen
3 Mountain Range
4 Before it’s too late
5 Reason
6 Voyage
7 it’s OVER
8 Grab again
9 across time
10 BE FULL
11 Survive
12 Happy
Setlist BRAMAN (sous réserve d’erreurs, de traduction ou d’omission) :
初期衝動 shoki shōdō
賽の河原 sainokawara
露命 romei
Jesus was a cross maker
DEEP
BOX
BEYOND THE MOUNTAIN
其限 SOREKIRI
ARRIVAL TIME
FOR ONE’S LIVE
京成/警醒 KEISEI
霹靂 HEKIREKI
鼎の問 kanae no toi