Si l’on assiste à l’apogée de la Kpop en France et en Europe, on ne peut pas dire que le rock coréen soit reconnu à sa juste valeur. Une lueur d’espoir subsiste néanmoins grâce à l’initiative de Pas de Dieux et son organisation d’un concert de Kang San-eh le 5 décembre au Divan du Monde à Paris. L’artiste indépendant n’a pas laissé les Français indifférents à cette annonce puisque le concert s’est tenu à guichets fermés !
En arrivant sur les lieux, on constate que la majorité des spectateurs sont coréens. Le reste du public est formé d’étudiants à l’INALCO – où Kang San-eh avait d’ailleurs fait un showcase précédemment – et d’amateurs de Kpop curieux venus s’intéresser à cette « nouvelle » facette de la Corée du Sud présentée en France. L’ambiance est bon enfant et chacun acclame comme il se doit la première partie, Teleferik. Si l’on sent clairement que le groupe franco-libano-japonais n’est pas la tête d’affiche de la soirée, le public reste respectueux et apprécie les titres majoritairement pop-rock du trio.
Peu après la fin du set de Teleferik, Kang San-eh fait son entrée en scène sous les acclamations du public. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que ce dernier est partagé entre néophytes et véritables amateurs de l’artiste. Kang San-eh est très connu des spectateurs coréens qui connaissent bien souvent ses titres par cœur. Les autres apprécient le fait de voir les paroles des chansons traduites sur écran géant, permettant aux personnes ne parlant pas coréen de s’immerger davantage dans la musique. Le chanteur, initialement seul au chant et à la guitare, est rejoint au fur et à mesure de la soirée par ses musiciens jusqu’à former un groupe complet.
Kang San-eh n’a pas un jeu de scène transcendant, mais a le mérite de faire l’effort de s’exprimer en français et en anglais durant toute la soirée, créant ainsi un lien plus fort avec le public. Le « Bob Dylan coréen » interprète des chansons pop-rock, rock, funk et folk véhiculant des messages plus ou moins forts. On sent notamment que la frontière nord/sud est un thème cher à l’artiste. Après avoir interprété Raguyo, Kang San-eh raconte le vécu de sa famille, et plus particulièrement de sa mère, qui a fuit la Corée du Nord lors de la guerre. Le but n’étant pas de faire déprimer l’audience, quelques pistes plus gaies telles que Kkaeeona et Ku nal ach’im sont interprétées en incitant le public à chanter en chœur.
Pour une première en France, le concert de Kang San-eh a été une véritable réussite. Le public est ressorti conquis et friand d’en découvrir plus sur le rock coréen indépendant. Le chanteur semble lui aussi avoir apprécié l’ambiance et a exprimé son envie de revenir par la suite dans l’Hexagone pour un autre concert. La scène indépendante coréenne regorge d’artistes et groupes méritant une meilleure reconnaissance, notamment dans les registres du rock, du punk et de l’électro-rock. Nous espérons que cette initiative de Pas de Dieux amènera les tourneurs à s’y intéresser davantage et à ne pas se concentrer uniquement sur la Kpop !
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Photos : © Jemina Boraccino, retrouvez plus de photos sur la page facebook de l’événement !