C’est tout naturellement que l’annonce de la tournée européenne de MAN WITH A MISSION, le groupe aux têtes de loup dont la performance à Japan expo l’été dernier eu un écho positivement surprenant, a reçu un accueil enthousiaste. Alors même que rien n’était encore ouvert à la discussion, tous croyaient à une venue hors-festival, et cette attente impatiente n’a pas longtemps duré avant que les rumeurs plus souhaitées que fondées, ne deviennent réalité. Malgré une réponse encourageante de la communauté j-music, la salle est un peu plus vide que l’on aurait pu le penser, surtout avec des efforts portés sur l’organisation d’un concert un dimanche en fin d’après-midi. Outre un sold-out manqué, la foule présente est cependant sur les starting-block.
Le concert débute à l’heure avec un tube du groupe, Distance et les fans se plongent tout de suite dans le bain. L’intérêt du titre réside dans ce fond sonore traditionnel sur lequel se pose des lignes de chant mêlant un rap gentillet et un refrain, qui comme la plupart des refrains pondus par le groupe, est simple, rythmé et efficace. L’apogée du concert arrive vite avec un combo plus agressif et survolté. DON’T LOSE YOURSELF est là pour faire monter la tension en faisant sauter le public en cadence. Pourtant on n’a encore rien vu : WELCOME TO THE NEW WORLD est LA chanson de la formation taillée pour le live. Pris dans l’ambiance déchaînée du morceau, DJ Santa Monica fait littéralement un petit saut dans la foule qui, un peu trop éparse, ne lui permet pas le meilleur des slams. Ce n’est pas ce plongeon raté cependant qui l’empêchera de continuer son show. Kamikaze Boy sort les griffes et, ses yeux s’éclairent soudain d’une lumière rouge, clignotant frénétiquement comme pris dans ce tourbillon de folie. L’ambiance explose complètement avec la reprise de Smells like teen spirit, du légendaire groupe grunge Nirvana. Ce qui est dommage c’est que le titre le plus efficace (ou presque) de la soirée soit une reprise, mais la setlist réussit à en convaincre plus d’un. Les hits s’enchaînent et les amateurs du groupe reprennent en chœur -sans se faire prier- les leitmotiv en anglais.
Le temps passe vite et trois des membres quittent déjà la scène pour laisser le batteur Spear Rib faire une démonstration de son talent sur un mix de son camarade, DJ Santa Monica. Même si l’on peut comprendre la contrainte des costumes liée au concept du groupe et le fait qu’avec la chaleur ambiante, il soit difficile de tenir la scène longtemps sans faire de pause ; le temps qui s’écoule entre la première partie et le retour des loups sur scène est presque un supplice. Tous les clips semblent y passer, et si des membres de no-life essaient d’occuper les fans en offrant quelques lots, il ne faut pas oublier que ces derniers sont venus pour le live, ils veulent du son et de la sueur !
Les membres sont à fond : de l’énergie à revendre et une relation presque fusionnelle avec leurs fans. Un dialogue se crée entre la scène et la salle à coup de griffes en l’air et de hurlements. (Entre parenthèses, ceux qui ne savent pas imiter le cri de l’animal devraient s’entraîner ou s’abstenir. Si le concept permet d’éviter toute confusion, on aurait presque pu croire que le groupe se faisait huer à chaque morceau) DJ Santa Monica met son grain de sel à coup de scratch sur tous les morceaux, tout excité derrière ses platines. Le quintette continue avec ses titres les plus populaires, qui malgré des refrains toujours accrocheurs, restent parfois un peu plats et pop par rapport aux quelques bombes jouées ce soir-là. Si les headbangues sont de mise sur la scène, c’est plutôt les sauts réguliers qui animent la fosse. En effet, la plupart des compositions restent plus dansantes qu’agressives, mais font preuve cependant d’une efficacité redoutable pour garder l’ambiance à son haut niveau tout le long du concert. De Get off of my way à Bubble of life en passant par quelques tueries comme NEVER FXXXKIN’ MIND THE RULES ou FLY AGAIN, il n’y a pas vraiment de temps morts (si on oublie cette longue entracte donc…). Les fans sont lancés eux-aussi et ne s’arrêtent plus. Comme d’un commun accord, ils dégainent leur serviette pour DANCE EVERYBODY, un morceau festif et enjoué.
Les efforts de communication font partie intégrante de ce concert ; l’envie d’échanger avec un public ô combien réceptif est là à 200%. Tokyo Tanaka interpelle le public en japonais, mais c’est surtout Jean-Ken Johnny qui occupe la place du parleur, se faisant comprendre sans trop de problèmes en mélangeant à la fois anglais et japonais. Lorsque le groupe annonce jouer les deux derniers titres, ceux qui ne sont pas perdus dans leur transe jouissive, restent incrédules. Quoi, déjà ? Avec plus de quinze minutes de pause, le concert semble avoir duré moins d’une heure ; de quoi rester sur sa faim (de loup). Et ce n’est pas le rappel avec FROM YOUTH TO DEATH, tout aussi bon soit-il, qui enlèvera cette frustration. Heureusement le groupe promet un retour. Il ne reste donc plus qu’à attendre.
Après le concert, les plus patients ont pu assister à une séance de dédicaces. Un stock de CD mieux pensé (des stocks a priori dévalisés dès le début de la tournée) n’aurait cependant pas été de trop, pour les fans comme pour le groupe et l’orga qui aurait pu profiter de l’envie d’achat réveillée par ce concert réussi.
En résumé donc, une setlist bien choisie, avec des titres qui révèlent leur vraie puissance en live, mais qui aurait pu être un poil plus énervée, un concert trop court et une pause trop longue, des bêtes de scène enthousiastes qui savent faire leur show et échanger avec un public conquis d’avance. Un événement qui ne s’inscrit peut-être pas au panthéon de la j-music mais qui a le mérite de valoir le détour et qui aurait d’ailleurs mérité si ce n’est un meilleur accueil, une salle vraiment remplie.
Setlist
Distance
Feel and Think
DON’T LOSE YOURSELF
WELCOME TO THE NEW WORLD
Smells like teen spirit
Take What U want
Get off of my way
SCENT OF YESTERDAY
-Solo batterie-
NEVER FXXXKIN’ MIND THE RULES
Bubble of life
Emotions
DANCE EVERYBODY
Mash up the DJ!
TAKE ME HOME FLY AGAIN
Rappel : FROM YOUTH TO DEATH