Si le rock japonais et la kpop sont plutôt bien représentés en France, on ne peut pas en dire autant de la musique chinoise. Pourtant force est de constater que la Chine continentale et Taiwan ont leur lot de superstars locales et de petits groupes indépendants valant le détour. C’est donc avec plaisir que l’on apprend l’organisation d’un événement axé sur la musique taiwanaise à Paris : la Taiwan Music Night. La setlist s’annonçait variée puisque Jolin Tsai, William Wei et Salamander allaient se produire sur la scène du Trianon le 30 janvier 2013.
Si Jolin Tsai était la star incontestée de la soirée, les autres artistes n’ont pas démérité. William Wei, nommé meilleur nouvel artiste et meilleur compositeur en 2011, a ouvert le bal de fort belle manière à l’aide de compositions pop-rock/folk interprétées tantôt en mandarin, tantôt en anglais. Le jeune homme n’était pas inconnu et quelques fans connaissaient ses titres par cœur. Il est d’ailleurs étonnant que le public n’ait pas été plus enthousiaste, au point que le chanteur ait dû le rassurer en affirmant que le tour de Jolin Tsai arriverait assez tôt. L’accueil a néanmoins été bon et William Wei est parvenu à satisfaire l’audience à l’aide de musiques mainstream efficaces, mais également grâce à sa proximité avec le public. Il s’agit indéniablement de notre coup de cœur de la soirée.
Salamander a ensuite pris la relève et a représenté le côté underground de Taiwan avec des sonorités clubbesques. Notre duo de DJ avait des compositions pêchues, mais n’est malheureusement parvenu à toucher qu’une infime partie des spectateurs. Les 3/4 de la salle ont effectivement passé le temps comme ils le pouvaient sur leur chaise en attendant l’arrivée sur scène de Jolin Tsai. L’honneur reste plus ou moins sauf puisque l’annonce d’un remix de titres de Jolin Tsai est parvenue à faire bouger les spectateurs à la toute fin du set de Salamander. La formation a prouvé qu’elle ne déméritait pas techniquement et il est dommage que sa partie n’ait pas été plus appréciée.
Après une courte introduction par l’un des organisateurs, Jolin Tsai a fait son entrée en scène sous les exclamations de joie du public. Ce dernier pourtant amorphe toute la soirée s’est tout à coup levé et dirigé le plus vite possible au bord de la scène pour être au plus proche de la diva taiwanaise. Le show a brillamment commencé avec The Great Artist, excellente entrée en matière pour que Jolin Tsai enchaîne les hits issus de sa discographie. L’artiste était accompagnée de plusieurs danseurs et nous a gratifié d’un show irréprochable avec des chorégraphies millimétrées. Tout a été orchestré pour marquer les esprits, ainsi la place a été laissée aux titres les plus rythmés au détriment des ballades. Jolin Tsai est restée proche de son public en communiquant à plusieurs reprises en Français, Anglais et Mandarin. On regrette néanmoins qu’aucun rappel n’ait été fait malgré les réclamations incessantes du public.
Vous l’aurez compris, Taiwan Music Night était une très belle soirée à ne pas manquer. Le seul bémol quant à la réussite de l’événement vient certainement du public à 90% chinois. La communauté asiatique est prête à se déplacer voir des concerts de Cpop, c’est un fait, mais qu’en est-il des autres ? La Cpop ne peut-elle pas attirer une plus large audience à l’image de la Jpop, mais surtout de la Kpop ? Il est vrai que peu de promotion ait été faite pour l’événement, mais l’on peut douter de la réelle capacité des artistes et groupes chinois à remplir les plus grandes salles parisiennes. Attirer les popstars comme Jolin Tsai dans des salles à capacité raisonnable comme Le Trianon est un bon début dans l’immédiat. Donner une chance à quelques indépendants permettrait également de ne pas occulter une scène très riche et dynamique à l’image de l’absence totale de mise en valeur du rock coréen au profit de la Kpop.
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