Crossfaith était de nouveau en tournée cette année en Europe pour faire la promotion de son album récemment sorti, DEUS EX MACHINA. Malheureusement pour le public français, il a à peine passé la frontière en ne faisant qu’une seule et unique date dans l’hexagone. C’est Strasbourg qui a eu la chance de les accueillir le 10 octobre dernier, et le public était au rendez-vous.
Les concerts de Crossfaith ont tendance à être courts mais intenses, c’est pourquoi ce n’est pas un, mais deux groupes qui ouvrent le show ce soir. Normandie, venue tout droit de Suède, chauffe la salle avec un son lourd adouci par un chant plutôt pop, qui ferait penser à des formations telles que The Rasmus ou Imagine Dragons, et quelques éléments électro lounge. Le public est encore parsemé dans la fosse, et arrive peu à peu pour au final, la remplir complètement. Normandie n’est pas boudé par ceux présents, même si cela ne bouge pas encore beaucoup.
Lors du set de Blood Youth, second groupe à jouer ce soir-là, la fosse est déjà remplie d’une masse n’attendant que de pouvoir se défouler. Le groupe avec son metalcore classique mais efficace, sert d’échauffement pour ce qui va suivre. Mosh pit, wall of death ne se font pas attendre, la foule se lâche sans se faire prier. Le groupe sait y faire, les cordes sont lourdes, le taping de la basse résonne et les growls sont maîtrisés.
Mais ce soir, c’est Crossfaith qui est surtout impatiemment attendu. Le groupe a su au fil des années se créer une fanbase fidèle en concert, par son énergie décuplée sur scène, sa proximité et ses titres taillés pour le live. La tournée, en bon objet de promotion, met naturellement en avant les titres du dernier album, DEUS EX MACHINA. C’est avec le titre éponyme, tout comme sur l’album, que démarrent les festivités. Une intro épique, comme la plupart des intro que produit le groupe, ouvrant l’abîme sur l’univers de l’album. Crossfaith sait utiliser la musique électronique et le dubstep à bon escient pour exacerber la puissance de ses compositions, tout en ajoutant un côté dansant à ses riffs metal agressifs. Dès les premières notes les fans s’emballent et les cœurs palpitent en accord avec les frappes du batteur Tatsuya. Tout comme sur l’album, le groupe enchaîne directement avec CATASTROPHE, ne perdant pas une seconde pour faire bouger son public. Kenta le chanteur et leader du groupe s’adresse à la foule, qui ne l’a pas attendu pour se lancer, acclamant les membres dès leur entrée sur scène. Après un tel titre, on pourrait croire que l’ambiance ne peut que retomber, mais c’est au tour de DESTROY, toute aussi brute. L’ambiance dans la fosse est déjà démentielle. Vers la fin du morceau, le leader demande au public de se baisser, instaurant un petit calme avant le retour de cette tempête musicale. Une fois tout le monde au sol, un décompte et cela repart de plus belle. S’ensuit un autre single présent sur l’album, FREEDOM. Malgré l’absence de Rou Reynolds d’Enter Shikari, qui a collaboré sur ce morceau, le titre fait son effet. Kenta, n’hésite pas à encourager les mosh pit et les wall of death à maintes reprises. Certains en profitent pour faire des round-house kick dans le vide avant que la foule tourbillonne frénétiquement dans la fosse.
On change de registre avec un titre plus ancien et très apprécié du public : Jägerbomb. Kenta tente de lancer le morceau en essayant d’ouvrir une canette de bière devant son micro pour commencer par un « pshit » significatif, ce qui tombe à l’eau quand la fan qui tient la dite canette -par incompréhension- lui coupe l’herbe sous le pied en la décapsulant elle-même. Un peu déçu de cet acte manqué, le chanteur enchaîne directement avec ce morceau festif. Teru qui, comme à son habitude est une véritable bombe d’adrénaline, n’a pas peur de slamer sur la foule dès qu’il en a l’occasion. Autre gros titre du groupe, les premiers accords de Countdown to Hell retentissent. Kenta ordonne à la foule de s’écarter, tel Moise, et les fidèles obéissent en se préparant pour un énième Wall of Death. Ça grouille dans la fosse, mais ça reste bon enfant ; les fans aidant ceux tombés au combat à se relever. On voit même une chaussure esseulée, rescapée de cette agitation, chercher son propriétaire, preuve de la folie qui se trame dans la fosse.
La set-list offre de nouveau un titre assez récent, qui a directement atterri parmi les hits du groupes, WILDFIRE. Plus ska que les compositions habituelles, la chanson ne ternie pas l’ambiance d’un poil, bien au contraire. La foule continue à montrer son endurance explosive. L’énergie du groupe et celle des fans se nourrissent mutuellement, ne faisant jamais retomber un seul instant l’atmosphère incroyable et délirante du show.
Sur fond de beat hip-hop, le groupe fait un intermède. Dans un anglais parfait. Kenta évoque la difficulté des groupes japonais à se faire une place à l’étranger et remercie les fans dont le nombre augmente à chaque tournée, d’être la source de ce succès. Le speech annonce MAKE A MOVE, un retour aux morceaux de l’album phare de cette tournée. Tout comme WILDFIRE et de nombreuses chansons du groupe, c’est un morceau catchy et dansant qui fait bouger la foule à l’unisson. Hiroki le bassiste, Kazuki à la guitare ainsi que le guitariste de session Tama s’avance sur le bord de la scène pour haranguer la foule en sueur.
INSIDE THE FLAMES est amorcé par un remix à la sauce dubstep, durant lequel Kenta hurle à l’auditoire des phrases motivantes, « faites du bruit », « bouger », etc., instruction que le public n’a pas besoin d’entendre pour les exécuter. Après un MC remerciant sincèrement de nouveau les fans présents, et demandant qui dans la foule s’est procuré le dernier album, le leader lâche un « fuck you » avec humour à ceux qui ne l’ont pas encore. Il annonce ensuite la dernière chanson du set, DAYBREAK clôturant également l’album, bouclant ainsi la boucle de ce concert dans toute sa splendeur. La foule se défoule toujours, puisant son énergie on ne sait où.
Après quelques minutes, les membres du groupe réapparaissent sur scène pour un rappel réclamé bruyamment par les fans, qui en profitent pour reprendre leur souffle entre deux acclamations. Le concert redémarre pour deux titres courts mais détonants. THE PERFECT NIGHTMARE, également issue du dernier album et l’apothéose arrive avec l’exaltante Monolith, concluant ce live en beauté.
On regrette la durée du concert, qui comme toute bonne chose fût trop courte, avec notamment l’absence de la fameuse reprise du titre de Prodigy, Omen, ou encore celle de Faint, bel hommage à Chester de Linkin Park, groupe qui a beaucoup influencé le chanteur et qui aurait, sans aucun doute, été accueilli avec beaucoup d’émotion par la foule. On regrette également l’absence du solo rituel de Tatsuya. Absence qui s’explique peut-être, par le fait qu’il se soit blessé après avoir trop donné lors du concert de Leipzig, une semaine tout juste auparavant. Au vu du nombre de dates restantes sur la tournée, on peut supposer la retenue. Le batteur avait cependant joué d’une seule main au concert suivant sa blessure à Hambourg, le bras en écharpe, montrant par là même le monstre qu’il est. Mais d’un autre côté, au vu de la puissance du groupe et sa vitalité sur scène, et la force et l’endurance incroyable avec laquelle le public suit ce dynamisme du début à la fin, il faut peut-être savoir quand s’arrêter pour éviter l’épuisement. Crossfaith reste un groupe fait pour le live. Sans grand show, juste ce qu’il faut de jeu de lumière pour accentuer sa performance, avec son côté naturel, proche de ses fans, communicatif, et bien évidemment des chansons qui font leur effet, il séduit encore et toujours et continue d’attirer sans cesse de nouveaux adeptes. Les membres sont tous actifs, que ce soit le membre de session ou le batteur, qui n’hésite pas à venir au devant de la scène quand il n’est pas en train de tambouriner à un rythme soutenue sur son instrument. C’est sans parler de Teru qui est autant derrière sa table de mixage qu’en train de se jeter sur la foule. Les membres retrouveront même leurs fans à la fin du concert devant leur stand goodies, prenant le temps de faire quelques selfies et dédicaces, chose que le public sait fortement apprécier. En espérant que la prochaine tournée offre plus de dates en France.
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Setlist :
DEUS EX MACHINA
CATASTROPHE
DESTROY
FREEDOM (SE)
JÄGERBOMB
Countdown to HELL
WILDFIRE (SE)
MAKE A MOVE
*INSIDE REMIX 1 DROP*
INSIDE THE FLAMES
PHOTOSPHERE
SE (MC)
DAYBREAK
—EN—
INTO THE NIGHTMARE
THE PERFECT NIGHTMARE
MONOLITH