Faute de support approprié, je n’ai jamais écrit de critiques de livres. Puisque Play of medley a récemment ouvert une catégorie culture subsidiaire, je me lance à l’eau avec une critique d’un des livres d’Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (国境の南、太陽の西). L’ouvrage a été traduit en français en 2002, mais est originalement paru au Japon en 1992.
Haruki Murakami conte la vie d’un quadragénaire marié et père de deux enfants en passant en revue son passé. Enfant unique, il connaît pour la première fois l’amour à douze ans en compagnie de Shimamoto-san, camarade de classe avec qui il passe la majeure partie de son temps libre. Après avoir été séparé par le cours de la vie, Hajime rencontre d’autres femmes, mais ne parvient jamais à oublier son premier amour, qu’il compare inconsciemment à ses nouvelles conquêtes.
L’auteur passe en détail les relations amoureuses du protagoniste. Malgré son mariage, la naissance de ses deux enfants et sa réussite professionnelle, il ne parvient à chasser ses souvenirs d’enfance de son esprit. Après avoir crû apercevoir sa silhouette quelques années aupravant, sa vie sera chamboulée le jour où Shimamoto-san refera apparition en lui rendant visite dans l’un de ses bars. Dès lors Hajime deviendra nostalgique et sera perturbé, au point de penser à son amour de jeunesse en faisant l’amour à sa femme. Il ne songera plus qu’à revoir Shimamoto-san qui restera énigmatique à chaque visite.
Le récit peut être perturbant, une grande part est laissée à l’imagination. La fin n’élucidera pratiquement aucun des points clés du roman, ce sera au lecteur de se forger son opinion sur ce qu’il s’est réellement passé. Par exemple, on ne saura pas qui avait donné une enveloppe remplie d’argent à Hajime le jour où il avait aperçu la silhouette de Shimamoto, ni pourquoi cette enveloppe a subitement disparu… L’auteur essaie également de prouver qu’il ne faut rien repousser au lendemain. Le protagoniste principal a ironiquement perdu son amour d’enfance en attendant le lever du soleil, mais demande à sa femme d’attendre le lendemain pour recommencer à zéro. De même, l’apparition d’Izumi – l’une de ses anciennes petites amies décrite comme morte intérieurement – à la fin du livre est assez significative : elle apparaît devant lui comme si la monnaie de sa pièce lui était finalement rendue. Après avoir gâché la vie de cette lycéenne en lui ayant ôté toute envie de vivre, c’est dans le même état végétatif qu’il risque de se retrouver s’il ne réagit pas.
Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil est agréable à lire. On ne parvient pas à s’identifier aux personnages, ni même à s’y attacher, mais l’on se surprend à tourner page après page pour essayer d’élucider quelques mystères. Le fait de fermer le livre en ne sachant au final pas grand chose pourra néanmoins en rebuter certains. Comme il est de coutume dans les ouvrages d’Haruki Murakami l’écriture est soignée, métaphorique… On y retrouve un tas de référence à la musique et notamment au Jazz. Bien que l’histoire soit assez banale, l’auteur parvient à captiver le lecteur en la racontant de manière singulière, en détaillant avec finesse certains points et en effleurant de manière subtile et élégante d’autres aspects du roman.
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Auteur : Haruki Murakami
Titre : Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil
Titre original : 国境の南、太陽の西
Parution : 2002 en France (réédité plusieurs fois), 1992 au Japon
Editeur (France) : 10/18, Belfond
ISBN : 226403629X, 2714437486
Nombre de pages : 224 pages