MUCC
Kowareta Piano to Living Dead
1. Kowareta Piano
2. Psycho
3. Iris
4. Vampire
5. In the Shadows
6. Sekisou
7. Yuri to Tsubasa
8. Countdown
9. Living Dead
Le moins que l’on puisse dire c’est que les deux dernières années ont été plus que chargées pour MUCC. En 2017, leur treizième album Myakuhaku débutait un marathon de sorties dans le cadre du vingtième anniversaire du groupe. Des singles souvent limités à certains concerts nippons, deux nouvelles orchestrations d’albums phares avec Shin Tsuuzetsu et Shin Homura Uta, un best-of qui n’en est pas un (This is NOT Greatest Hits) avec également de nouveaux enregistrements, un album « tribute » et trois DVD. Le tout ponctué par plusieurs tournées tout aussi marathoniennes à travers le Japon et un certain regret pour nous fans du monde entier de ne pas pourvoir faire partie de cette célébration.
En 2018, le rythme reste tout aussi effréné surtout en terme de lives, les sorties étant un peu plus légères avec plusieurs singles et un retour aux sources avec le format demo cassette à l’ancienne ! En fin d’année, la nouvelle tombe, un nouvel album est en préparation avec une sortie prévue le 13 février 2019 en deux versions : une regular et une limitée réservée exclusivement aux membres de leur fan-club résidant au Japon…
Intitulé Kowareta Piano to Living Dead, ce quatorzième opus offre un superbe artwork teinté d’un style tendant vers l’ero-guro (plus pour le côté gore qu’érotique, ça reste sage !) et les membres du groupe n’ont pas manqué d’accentuer le concept avec leurs nouveaux looks qui marquent un retour en arrière flagrant à leurs débuts. Pour l’occasion, MUCC est accompagné par le pianiste Tooru Yoshida (qui apparait même sur les photoshoots officiels) avec qui ils ont déjà eu l’occasion de travailler par le passé et aussi par le groupe DEZERT avec qui ils tournent actuellement au Japon, effectuant les chœurs sur deux chansons.
Qu’en est-il donc pour ses compositions ? Est-on vraiment dans un concept album comme tout le laissait supposer ? Pour le savoir, prenez place dans le train fantôme et laissez vous guider à travers les neuf pistes qui composent l’album de Kowareta Piano… à Living Dead.
Les portes s’ouvrent sur une intro au piano des plus inquiétantes… Le rythme devient un peu plus enjoué, comme un air de saloon légèrement ralenti, accompagné par une rythmique à la batterie. A peine le temps d’être rassuré, que le son se distord comme pour nous laisser découvrir que le piano… joue seul !
Les choses sérieuses démarrent sur les chapeaux de roues avec Psycho. L’intro aux riffs rappelant ceux de Nageki no Kane de l’album Gokusai, procédé devenant fréquent chez MUCC mais que je trouve personnellement plutôt sympa, comme un clin d’œil, laisse bientôt place à la voix enchanteresse de Tatsuro, qui devient alors notre guide au sein de l’horreur. La composition (et son titre !) ne laisse plus de doute sur la nature lugubre des évènements qui nous entourent.
La tension ne retombe pas avec Iris qui débute sur une rythmique basse/guitare lourde qui se transforme en un son plus funky et langoureux qui permet au chanteur de nous murmurer ses paroles à l’oreille plutôt que de les chanter. La tension évolue tout au long de la chanson avant un final explosif de growls. Définitivement deux compositions taillées pour être jouées en concert.
Première rencontre avec un être surnaturel, Vampire, comme son nom ne l’indique pas, nous bascule dans une composition plus douce à l’ambiance piano-bar qu’apprécie bien le groupe. Le refrain se fait envoûtant et captivant et nous entraîne droit dans les griffes de la bête. Le charme opère et on est obligé d’abdiquer sur le solo sensuel de la guitare de Miya.
Le repos est de courte durée et il est temps de repartir In the Shadows. Tatsuro armé de son phrasé rap revient à notre oreille nous conter son histoire alors que la batterie de Satochi cadence les battements de notre coeur. En milieu de composition, tout s’assombrit, l’ambiance s’altère et nous fait définitivement basculer dans l’horreur. Une pièce maîtresse de cet album qui ponctue de façon magistrale la moitié de notre écoute. Mais le voyage n’est pas encore terminé…
Sekisou fait descendre la pression avec une belle mais toutefois mélancolique mélodie au piano jouée par Miya ponctuée par du violon du plus bel effet. Une mélancolie qui perdure sur l’intro de Yuri to Tsubasa avant de se transformer en une chanson 100% MUCCesque, entraînante aussi bien musicalement que vocalement.
Le temps nous est maintenant compté avant la fin de notre périple. Countdown est peut être la seule chanson de l’album que je dirais être hors contexte. C’est une composition assez basique aux notes punk-rock qui passerait volontiers pour un générique d’anime (ce qui n’est à ma connaissance pas le cas pour cette fois). Interprétons-la comme un rayon de soleil dans l’obscurité ambiante.
Comme toujours avec MUCC, on termine cet album sur l’air doux et mélancolique de Living Dead avec pour débuter un chant à double voix avec le chanteur du groupe DEZERT en guest. Tatsuro reprend le flambeau seul criant à plein poumons ses paroles empli de désespoir avec lesquelles nous refermons les portes de cet album hanté.
En conclusion, Kowareta Piano to Living Dead tient ses promesses d’album conceptuel et offre un ensemble léché très réussi. Contrairement à son prédécesseur que j’avais trouvé mal arrangé dans son ensemble en donnant l’impression d’écouter deux albums distincts, celui-ci réussit à capter et surtout à retenir notre attention de la première à la dernière chanson sans aucune fausse note. S’il faut lui trouver un petit bémol, je me suis rendue compte en écrivant cette critique que la basse de Yukke ne fait pas de zèle et reste dans un carcan très basique plutôt inhabituel chez le musicien. Il faut souligner à ce propos qu’il n’a composé qu’une seule chanson sur cet album et en duo avec Miya, ceci expliquant peut-être cela. Quoiqu’il en soit, ce quatorzième opus est d’une grande qualité et rentre aisément dans le panthéon des albums mythiques du groupe. Il est sans aucun doute l’album qui pourra réconcilier les fans de la première heure souvent déçus par les tournants musicaux entrepris par MUCC depuis plusieurs années. Pour terminer, espérons qu’après ces quatre longues années d’absence sur nos contrées européennes, MUCC signe enfin son grand retour et vienne nous présenter cet excellent album !
Ce disque ainsi qu’une grande partie de leur discographie est désormais disponible sur Spotify.
Pas de clips sortis pour le moment, uniquement cette vidéo proposant des extraits de chaque pistes.