2016 a été une année de jubilé pour THE NOVEMBERS. Les groupes fêtent normalement leurs 10 ans de carrière, mais pour THE NOVEMBERS, c’est le chiffre onze qui a une signification plus forte. L’album Hallelujah n’est lui pas sorti en novembre (la date du 11 novembre étant réservée pour un concert au Studio Coast à Tokyo), mais un peu avant au mois de septembre. Cependant ils comporte bien évidemment onze pistes.
Le groupe, qui joue sur plusieurs registres, allant de la ballade émouvante aux hurlements déchirants sur fond de guitare grunge, commence sur un morceau entre-deux. Débuter sur un titre éponyme de l’album peut se voir comme un manifeste, mais cette chanson est difficilement représentative de l’ensemble de cet opus, tant il est varié. Ce morceau, peu agressif n’en reste pas moins intense. Les envolées lyriques sont aériennes. La guitare mélodique, rehaussée par la batterie dont le rythme se fait de plus en plus présent, accompagne le chant vers l’explosion, lorsque le refrain devient enivrant. Les chœurs en fond se font écho, mais tout en douceur. L’entrée en matière n’est pas brutale, bien au contraire, elle est apaisante.
Mais le côté agressif du groupe fait surface dès la seconde piste, Kuroi Niji, et réapparaît régulièrement. Le rythme se fait plus rapide et le refrain rappelle la fougue du grunge des années 90. Kobayashi, pourtant loin de montrer ses capacités flirtant avec le screamo, élève tout de même la voix sur la fin du morceau. Les cris perturbés et perturbants résonnent en fond, alors que les guitares semblent avoir perdues tout contrôle : les cordes frappées et tremblantes ont un son qui ne s’entend que trop rarement ses dernières années et qui fait remonter les souvenirs d’une autre époque, où le rock avait sa place dans tous les écouteurs.
L’album n’a pas seulement pour but de synthétiser onze ans de carrière, il se montre à la fois innovant et prometteur pour les années à suivre. Et surtout, il regroupe en même temps les nombreuses influences qui ont nourri le talent des membres. Du shoegaze, du grunge, du punk, du rock teinté d’une pop douce… Même les morceaux plus low tempo sont extrêmement variés. Sur Ai Ha Nakenashi, le chant vaporeux sur les refrains est stimulé par la mélodie. Le découpage des paroles avec allitérations et répétitions reste en tête et, même si vous ne comprenez pas un mot de ce que vous entendez, vous ne pouvez vous empêcher de fredonner et répéter les paroles articulées du chanteur.
!!!!!!!!!!! (un titre imprononçable) est par exemple typiquement punk. Un morceau qui commence sur des sons d’accords, ou plutôt de désaccords d’instruments, comme un bœuf qui s’improvise en répète, des paroles qui tiennent en quatre lignes et dont le refrain n’est autre que « You say you want a revolution » !. Révolution : scandée comme pour contrecarrer une jeunesse no future. Le chant a ce côté brouillé d’un enregistrement de garage. Tout colle pendant 2.24 min chrono, on verrait presque la fureur prendre forme sous nos yeux. A côté de ça, on croise des morceaux à l’opposé total. Parlons de cette douceur pop, dont Kaze est l’exemple parfait. Le refrain « don’t let me » en toute simplicité fait penser à la légèreté parfois niaise d’un amour de jeunesse. Les guitares rappellent un pop rock japonais du début 90. Retour en arrière et bouffée d’air frais au rendez-vous. On retrouve cette même ambiance sur Tada Tooku He avec un coup de batterie plutôt typé 80’s. On y trouve même la trompette free jazz dissonante sur Ikou Yo pour conclure l’album.
Sans aller jusqu’à parler de schizophrénie, cet album est un joyeux mélange et pourrait finalement représenter la vie, ses hauts, ses bats, ses colères, ses amours. Traversant les décennies musicales, comme THE NOVEMBERS à traversé onze années de carrière, Hallelujah fait voyager. Une route à travers les souvenirs, nostalgies musicales, mixé à la modernité du présent, lui offrant un côté atemporel plutôt agréable. Une explosion non pas de saveurs mais de sons. Alors Hallelujah n’est peut-être pas le premier album à écouter pour découvrir l’essence du groupe, mais il l’est pour comprendre son cheminement, ses capacités et ses promesses. On y ressent la maturité du groupe, qui auto-produit ses compositions depuis quelques temps maintenant, et on espère qu’il n’est pas arrivé au bout du chemin, et nous réserve d’autres compositions de cette trempe.
Tracklist d’Hallelujah :
1. Hallelujah
2. 黒い虹/Kuroi Niji/Black Rainbow
3. 1000年/1000 Nen/1000 Years
4. 美しい火 /Utsukushii Hi/Beautiful Fire
5. 愛はなけなし/Ai Ha Nakenashi/What Little Love
6. 風/Kaze/Wind
7. 時間さえも年老いて/Jikan Sae Mo Toshi Oite/Even Time Ages
8. !!!!!!!!!!!
9. ただ遠くへ/Tada Tooku He/Just Going Far
10. あなたを愛したい/Anata Wo Aishitai/I Want To Love You
11. いこうよ/Ikou Yo
L’album est disponible un peu partout, et Beautiful Fire est en écoute sur le soundcloud officiel du groupe