Si le nom d’illion vous paraît peu évocateur, citer Noda Yojiro devrait être plus parlant. Il s’agit effectivement du projet solo du chanteur de RADWIMPS, qui a décidé de se produire sous ce nom. Souhaitant s’internationaliser, ce dernier s’est jeté à l’eau en annonçant la sortie d’un premier album qui serait disponible en Europe et au Japon avant d’organiser ses premiers concerts à Londres et à Hambourg en mars. illion a officiellement débuté ses activités à l’aide du clip de BRAIN DRAIN, disponible uniquement durant 48h sur sa chaîne youtube officielle. Une démarche qui peut paraître assez absurde et qui n’aide clairement pas à faire le buzz.
Suite à la sortie de son premier single digital, MAHORABA, l’album UBU est paru le 25 février au Royaume-Uni, le 6 mars au Japon, le 29 mars en France et en Allemagne et plus récemment le 24 septembre 2013 à Taiwan. L’édition japonaise se démarque avec une piste supplémentaire, HIRUNO HOSHI. Faute de promotion, l’album ne s’est écoulé qu’à 40 000 exemplaires dans le monde, la grande majorité des acheteurs étant bien sûr les fans inconditionnels japonais de RADWIMPS. Se baser sur les chiffres pour juger l’album serait cependant une grosse erreur et ferait passer à côté de cette pépite qu’est UBU.
On pouvait se demander si Noda Yojiro, compositeur de la quasi-intégralité des chansons de RADWIMPS, allait nous servir des compositions à l’image de celles de son groupe mais en solo histoire de faire son petit bout de chemin en Europe sans trop se peiner. Une écoute suffit pour se rendre compte que la réponse est non. Bien que les morceaux de RADWIMPS soient souvent excellents, on se surprend à écouter des compositions du chanteur très différentes, mais l’effet de surprise aidant sûrement, d’autant plus envoûtantes.
Il est difficile de cataloguer UBU dans un genre précis et de ne pas citer tous les morceaux tant ils différent les uns des autres. On note tout de même que sur les 14 chansons (en comptant le morceau supplémentaire de la version japonaise et en excluant la piste instrumentale qu’est INEMURI), 10 ont des paroles en anglais et seules AIWAGUMA, GASSHOW, MAHOROBA et HIRUNO HOSHI sont en japonais. Parfait pour séduire de nouveaux auditeurs grâce à une majorité de titres aux paroles compréhensibles par un large public tout en laissant une pointe d’exotisme sur quelques titres.
Le coup d’envoi d’UBU est donné avec BRAIN DRAIN, véritable perle dont le clip a pu être visionné sur youtube pendant 48h pour les plus réactifs. On y trouve une très belle orchestration mise en avant par une partie de piano et quelques violons. Le chant est également soigné et devient de plus en plus intense tandis que les parties instrumentales gagnent en puissance. Quelques pistes de l’album ont une inspiration folk, mais avec une empreinte différente sur chaque titre. AIWAGUMA a notamment un semblant de musique traditionnelle grâce à la langue, aux percussions, mais également aux accentuations et à la belle mise en valeur du chant de Noda Yojiro. Avec une touche traditionnelle, mais dans un registre complètement différent, on retrouve également GASSHOW caractérisée par sa dynamique et ses parties vocales inoubliables. UN&DO, l’un de nos coups de cœur, est dominé par une très belle partie de guitare acoustique et nous tient en haleine grâce à un chant on ne peut plus envoûtant. Toujours avec une influence folk, ESPECIALLY se distingue par son côté country, DANCE s’approche de la ballade, notamment lors des refrains marqués par le chant mélancolique de Noda Yojiro, alors que BIRDIE est la seule véritable ballade folk du disque.
D’un autre côté, on trouve un bon nombre de pistes complètement stupéfiantes. MAHOROBA, titre au tempo modéré, attire notre attention de part son univers déstructuré et futuriste à la fois. BEEHIVE a une inspiration funk appréciable et nous surprend en raison de son arrangement venu de nulle part : touche électro, battements de mains, percussions, paroles en japonais faisant rupture avec l’anglais… On se demande comment le mélange a pu naître, mais aucun doute sur le fait que l’on reste scotché au fur et à mesure de l’écoute. γ (gamma) est également l’un des morceaux les plus renversants. Une atmosphère étouffante et oppressante est créée avec le piano au rythme soutenu, mais également avec la partie chantée dans l’urgence, presque sans respirer, de Noda Yojiro. LYNCH, tout aussi incontournable, est à la fois mélodique et mélancolique grâce à l’opposition entre la partie de piano et le chant à la fois poignant et tranchant. Les détenteurs de l’édition japonaise concluront le disque avec HIRUNO HOSHI. Clin d’œil aux fans japonais, il s’agit de la seule piste qui s’approche vraiment des compositions de RADWIMPS. Ce piano-voix est caractéristique des ballades du groupe composées ces dernières années et conclut parfaitement le disque en émouvant une dernière fois.
Vous l’aurez compris, UBU est l’un des meilleurs albums de 2013 et sans conteste un véritable orgasme auditif. illion parvient à nous stupéfier et à nous enivrer à l’aide de morceaux qui ne se ressemblent absolument pas et très bien mis en avant dans la tracklist. Difficile de comparer le disque avec un autre tant ses sonorités sont uniques. On espère donc que cet album ne sera pas le dernier, que Noda Yojiro soit aussi innovant dans son éventuel prochain disque en solo et qu’il bénéficie cette fois d’une meilleure promotion. N’hésitez pas à vous rendre sur la chaîne youtube officielle d’illion pour en découvrir un peu plus sur ce projet. Deux clips et quelques vidéos live extraites du concert à Londres y ont été ajoutées.
Nous vous donnons rendez-vous sous peu avec une critique de l’album X to ○ to Tsumi to de RADWIMPS. Soutenez Play of medley en rejoignant ses pages facebook, twitter et Google+ !
Tracklist de l’album UBU :
01. BRAIN DRAIN
02. AIWAGUMA
03. PLANETARIAN
04. MAHOROBA
05. BEEHIVE
06. DANCE
07. Γ
08. FINGER PRINT
09. LYNCH
10. UN&DO
11. GASSHOW
12. INEMURI
13. ESPECIALLY
14. BIRDIE
15. HIRANO HOSHI (version japonaise uniquement)